Hier soir, j’ai regardé pour la première fois  « Midnight Cowboy » de Schlesinger, avec John Voight et Dustin Hoffman (le film est connu en français sous le nom de « Macadam Cowboy »).  La scène finale du film – ne lisez pas le reste de ce paragraphe si vous ne souhaitez pas connaitre la fin – est inoubliable.

Rico, le voyou New yorkais, meurt dans l’autobus aux côtés de Joe, juste avant d’arriver en Floride, où les deux compères s’étaient promis d’arriver ensemble.
Le chauffeur constate le décès, retourne au volant. Joe est incrédule. Et fait ce geste, qui m’a rempli d’émotion :

1. Midnight Cowboy, 1969 la mort de Rico
Jusqu’ à la fin du trajet, Joe serre Rico mort dans ses bras, avec précaution et tendresse. Il lui tient compagnie, il ne quitte pas son copain. Je suis surement un peu chochotte, mais je trouve cette scène bouleversante.


J’ai alors pensé à tous ces moments de cinéma où un simple geste, un élan, un mouvement, m’avaient marqué et fait de moi un cinéphile. Il est impossible de faire un top 15, car je n’ai relevé que les 15 moments qui me revenaient précisément, mais sans hiérarchie et en toute subjectivité. On vit tous le cinema  à notre manière, n’est-ce pas ? La preuve, « bienvenue chez les ch’tis » a cartonné. Comme l’a dit Cocteau je crois, « le public a adoré, et c’est bien le seul ».
Voici donc 14 autres gestes, élans et mouvements du cinema qui me sont revenus à l’esprit. Aprés le jump.


2. The Godfather (Le parrain), 1972 – la mort de Vito
Vito Corleone (Marlon Brando) meurt comme je voudrais mourir. Vieux, s’amusant avec son petit fils, dans un champ de tomates baigné par le soleil. Il poursuit le gamin dans les plants, puis, tout d’un coup, s’époumone, s’aggrippe, étouffe, et tombe au sol, surement terrassé par une crise cardiaque, rejoignant les tomates mures. Cette chute est magnifique. Le petit fils le rejoint, interloqué, mi rieur mi inquiet. Quel film.



3. 2001, a space odyssey (2001, odyssée de l’espace), 1968 – l’aube de l’humanité
Le primate passe d’herbivore a carnivore. Et découvre l’arme. Et jubile de cette découverte, célèbre d’un coup son accés à l’humanité et son accés à la violence. Le geste le plus célèbre de l’histoire du cinéma ?



4. Eyes Wide Shut, 1968 – la boucle d’oreille
Encore Kubrick. Au-delà de la scène qui suivra, une Kidman lascive remue les hanches sous « Babe did a bad bad thing » de Chris Isaak et retire doucement ses boucles d’oreilles. Jusqu’à ce film je considérais Kidman comme un glaçon, j’ai vite déchanté. Un geste d’une féminité absolue.


5. Eyes Wide Shut, 1999 – la cérémonie
Encore Kubrick, et encore Eyes Wide Shut. Bill Hardford (Tom Cruise) accepte à la plus privée des orgies privées. Un cérémonial étrange et etourdissant d’esthétisme s’y déroule. Des femmes nues et offertes, masquées, suivent une chorégraphie cérémoniale envoutante et réglée au millimètre.



6. Little Miss Sunshine, 2006 – Miss America
Au début du film, Olive visionne et revisionne le couronnement de Miss America. Elle mémorise et reproduit chaque geste de la miss lauréate,  et ses rictus de joie toujours à la limite de la beauté et de la laideur. Un moment magnifique et posant immédiatement le malaise attendri que nous porterons sur notre little miss sunshine.



7. Abyss, 1989 – Le contact
Beaucoup m’auraient cité dans cette liste de 15 les doigts d’E.T et Eliott se touchant, mais dans la même catégorie, à croire que l’index est le premier mode de contact de 3e type, j’ai préféré cette scène d’Abyss. Chaque geste est prudent, curieux, avide de toucher, sentir. A l’époque je trouvais les effets spéciaux absolument fantastiques, à travers le doigt de Lindsey Brigman nous découvrions cet être d’eau, je crevais d’envie d’être à sa place.



8. Trainspotting, 1996 – La cuvette
Une scène de trip hallucinatoire sale et poétique, durant laquelle Mark Renton plonge dans les eaux pures et bleues des chiottes les plus sales d’Ecosse. Beaucoup s’amuseront à métaphoriser la sortie de cuvette et cette prise d’air mémorable avec le mythe de la naissance.



9. La Ultima Donna (La Dernière Femme), 1977 – La mise à nu
Voilà ,pour plein de raisons La Dernière Femme est mon film préféré de tous les temps. Peu de gens connaissent ce film de Marco Ferreri avec Gérard Depardieu et Ornella Muti, qui m’aura marqué à vie. Ornella doit à peine y avoir 19 ans, la beauté la plus pure, la Vénus de Botticcelli. Une femme fragile et redoutable, mettant en danger la virilité dominatrice de Michel (Gérard Depardieu). Elle se déshabille pour lui. Son attitude réconcilie l’irréconciliable : protège moi, et baise moi.



10. Spiderman, 2002 – L’upside-down kiss
Une trouvaille esthétique et trés romantique, qui prouve que même encore en 2002 on peut réinventer le baiser au cinéma.


11. Casino, 1995 – Le lancer de jetons
Ginger McKenna (Sharon Stone), princesse insolente de Vegas, jette plusieurs milliers de dollars de jetons dans le ciel électrique du Tangiers – et cela suffit à Sam pour tomber amoureux de Ginger. La scène est jubilatoire et esthétique.


12. Rocky 1, 2, 3 etc… – Les Rocky Steps
Beaucoup moins ringard que le « je suis le roi du monde » à la proue du Titanic, le poing levé de Rocky, la métaphorique ascension sociale marche aprés marche, sous la neige de Philadelphie. Un geste mythique de victoire. Une page entière de Wikipedia parle des Rocky Steps et mentionne toute les interprétations, reprises, hommages, livres et parodies liés à cette scène culte.



13. La Firme (1993) – le chuchotement à l’oreille
Oui, je l’avoue, j’adore ce film, et j’adore cette scène. Mitch McDeere apprend que son appartement est mis sur écoute par les mafieux dirigeant sa firme d’avocats. Il rentre calmement chez lui, intime à sa femme le silence d’un index sur la bouche, allume la musique, monte le volume, s’approche doucement d’elle, l’étreint et avec application et rapidité explique à sa femme la situation. Le sourire de l’épouse se tansforme en panique. La chorégraphie de cette scène est juste parfaite.



14. Signes (2002) – l’apparition en video
Sans la moindre hésitation, la fraction de seconde qui m’a le plus effrayé au cinema . Ever. Un reportage télé fait mention de l’arrivée d’aliens, agitations, rumeurs étranges, et archive video amateur, la camera bouge, puis elle se fixe un quart de secondes, et ce truc vert passe.
Pour voir l’extrait : http://www.youtube.com/watch?v=4RGtC2S22Z0 – quand on s’y attend, forcément cela fait moins peur.
En cherchant sur youtube j’ai d’ailleurs trouvé cette video très conne mais j’ai bien ri, le genre de trucs que j’aurais pu faire : http://www.youtube.com/watch?v=cid0FZYnvWQ&NR=1



15. Le Pianiste (2002) – Herr Hosenfeld réclame un morceau
Władysław Szpilman, affamé, la peau sur les os, réfugié dans une grande pendant la purge du Ghetto de Varsovie, se fait finalement surprendre par Hosenfeld et sent sa fin arriver. Hosenfeld, en apprenant de la bouche de Sziplman que ce dernier est pianiste, lui demande de jouer. Mais Szpilman est à bout de force, il n’a rien mangé depuis des jours, des semaines, ses jambes peuvent à peine le porter, et lorsque ses mains se posent sur le clavier du piano, les souffles s’arrêtent dans la salle de cinema. Les mains frêles sur le clavier réconcilient geste et destin.
La scène est ici : http://www.youtube.com/watch?v=RkUVb1AJbSM


Ouf ! Voyez, il est vrai que je ne fais pas des updates tous les jours, mais quand elles sont là elles sont là – certains auraient tenu 15 jours en coupant le post en morceaux.

Ce qui m’intéresse avant tout, c’est d’avoir à vous, vos gestes et mouvements mémorables du cinéma que je n’aurais pas cité ici.
– la tête qui tourne de l’exorciste
– les jambes qui se croisent de Catherine Tramell ?
– Le vélo de Eliott et E.T qui décollent au clair de lune ?
Je remarque que je n’ai pas mis de film français. Ugolin qui se coud le ruban de manon sur le coeur, pas mal, celle-là, j’aurais pu la mettre.

Et vous, partagez en commentaires vos moments favoris !