Dans l’avion qui m’a mené hier à Moscou, où je reste jusqu’à samedi pour me recharger en pilules (la vraie raison est un peu moins poétique, monde capitaliste cruel), j’ai regardé sur mon vieil archos rouillé « Battlestar Galactica : The Plan ».

La suite de ce billet est spoilante pour ceux qui n’ont pas regardé Battlestar Galactica en entier, et carrément opaque pour ceux qui ne l’ont jamais vu.

Si j’ai bien compris, The Plan est une sorte de fiction « canon » à BSG sortie en DVD et en prime time sur Syfy,  diffusée après la fin de la série. L’objet télévisuel est vraiment déroutant. Cela ressemble à un agglomérat de bonus DVD et de scènes non diffusées, qui ont la particularité de retracer la chronologie des 4 saisons du point de vue des Cylons.
C’est complètement décousu – un novice à Battlestar Galactica non seulement ne comprendrait rien, mais en plus se verrait spoiler l’histoire de manière assez immédiate, les Final Five étant révélés dès les premières minutes.

The Plan est une sorte de tracé onirique des zones d’ombres de la série, mais qui étaient belles justement car elles étaient des zones d’ombres. Et les seules zones d’ombres qui m’auraient vraiment intéressées, notamment le séjour entier de Gaius Baltar dans leur basestar, n’y figurent pas. Toutes les scènes de résistance à Caprica et sur le vaisseau sont redondantes de la série originale.

Seul vraie réussite de The Plan, le parcours de Cavil, le Cylon n°1, à peine esquissé dans la série originale. The Plan nous révèle un personnage complexe, qui dans ses ubiquités va suivre deux parcours différents : le premier Cavil, infiltré sur le BSG, refusera tout ce qui rapproche le robot de l’humain, quelqu’en soit le prix. Le second Cavil, qui suit la résistance sur Caprica, a aperçu ce qui faisait la nature humaine. A l’issue de la saga BSG, ce Cavil-là sera le personnage le plus proche du téléspectateur dans sa vision nuancée de l’alliance humains/cylons.

Les destins des deux Cavils se rejoignent à la fin de cette étrange fiction, puisqu’ils se font démasquer sur le BSG, et amenés dans le sas d’exécution, depuis lequel leurs corps seront jetés dans l’espace.
Et alors que l’ennui était maître durant tout le visionnage, on assiste à une des plus belles scènes de BSG. Quelques secondes avant de mourir, les deux robots découvrent trois sensations bien humaines : la peur, le besoin d’amour, et le désir.
Le Cavil humanisé par les batailles de Caprica tend la main au cruel Cavil, dont le coeur bat la chamade, quelques secondes avant que le sas ne s’ouvre pour les projeter dans le vide.

plan

Les deux Cylons survivent quelques secondes dans l’espace avant de mourir – et un des deux Cavils récite alors ses derniers voeux :

I don’t want to be human!
I want to see gamma rays!
I want to hear X-rays!
And I want to – I want to smell dark matter!
I want to reach out with something other than these prehensile paws!
And feel the wind of a supernova flowing over me!
I’m a machine! And I can know much more!
L’extrait fera surement rire les étrangers à BSG pour l’aspect plastoque de la CGI, mais ce sont finalement les dernières secondes d’une saga qui se termine en avouant finalement sa nature qui nous a tant plus au fil de saison : une véritable oeuvre poétique sur la nature humaine. Geek = Emo.
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