Aaaaaaah quel plaisir d’ouvrir à nouveau la porte de ce blog fermé durant deux bon mois, deux mois de voyages professionnels m’ayant porté sous les ciels bleus gris bleus de Poitiers (wooaaa), Moscou,  Fort de France et Moscou encore.

Je me réapproprierai l’écriture et l’espace blogostique en racontant dans mes billets de retour au pays natal quelques souvenirs et choses notables vues de mes voyages.

On va parler de musique et du parc Izmailovski. Ce ne sera pas chiant.

Le Parc Izmailovski est un des endroits touristiques de Moscou qui valent toujours le détour. Sorte de gigantesque village de Noël permanent, le parc izmailovski s’étend sur plusieurs centaines de baraques en bois séparées par des allées grouillantes de gens écarlates, c’est une sorte de souk slave.
Des commerçants venant de toute la Russie y vendent vêtements, peaux de bêtes, esclaves, saucisses au barbeuk et souvenirs de toute sorte. C’est touristique par son contenu mais sans plus, la plupart des clients qui arpentent les allées sont des russes, surement des provinciaux, ou des figurants payés pour me faire croire que ce n’est pas qu’un endroit à touristes.

L’année dernière je m’y étais acheté une magnifique chapka en racoon, bien chaude pour les hivers rudes, que j’avais porté fièrement jusqu’à mon retour en france où j’appris finalement que racoon voulait dire raton laveur. C’est à dire ça :

De ce jour je n’ai plus pu regarder ma chapka dans les yeux. Je m’excuse auprès de tous les ratons laveurs de la terre et fait le serment de ne plus acheter d’autres chapka ou fourrures de ce type.

Bref, la chapka ayant été déjà achetée lors d’un voyage précédent, je me suis intéressé cette fois-ci aux baraques à CD et DVD. Un truc fascinant, on n’a pas ça en Europe, on trouve des kioskos de ce type au maghreb et en afrique, on m’a dit que dans les ex pays de l’urss ça existait aussi pas mal. Des rayonnages entiers de CD piratés, mais pas de simples albums rippés, non, des discographies. Dans les bacs vous ne cherchez pas l’album « Hotter Than July » de Stevie Wonder, non, vous cherchez « Stevie Wonder » tout court, et vous tombez sur un CD contenant toute la discographie de l’artiste en MP3. La même chose pour tous les groupes importants de ces trente dernières années. Un truc hallucinant.

Un no man’s land du copyright, dans lequel le touriste devra être très prudent de ne pas tomber, pour ne pas avoir à rendre des comptes à la douane en France.

Le pire, c’est que les crédits en arrière du CD fourmillent d’infos, de logos, et même d’une adresse du publisher. 10 heures 53 minutes de Stevie.

10 heures 53 minutes de Stevie Wonder, pour combien ? Skolka ?
Sto Roubli ! Cent Roubles !
C’est à dire un peu moins de trois euro. Même tarif pour un des 500 DVD disponibles en devanture. Sous titres glauquissimes, concerts rippés à la TV, mais aussi authentiques et très proprettes copies de DVD. Il y a de tout.

Plutôt que de truander des artistes que j’aime (puisque par défaut j’aurais acheté plutôt des concerts de gens que j’aime), j’ai porté mon dévolu pour quelques compils DVD de Soviet Pop. Idéales en soirée pour poser l’ambiance et se moquer des nuques longues arborées par des chanteurs pas toujours si nazes que ça.

Mais le joyau de ma collection reste une compile intitulée « Nostalgia », regroupant une centaine de clips de soviet pop et variété d’avant la chute de l’U.R.S.S . Malgré la pochette de très mauvais gout, le DVD reste un vrai document permettant de jeter un coup d’oeil sur ce qu’était la téloche et la variétoche des russes sous le régime communiste. Quelques bijoux parmi les titres. Lunettes de trois kilos, pipes et moustaches, ambiance de mort sur les plateaux télé, esthétique Boratienne.

Je sais que l’histoire du copyright russe est compliquée, et ces compils MP3 ont moins pignon sur rue qu’il y a quelques années à Moscou – je ne les retrouve que sur les marchés excentrés de type Ismailovskaia. Parcontre, dès que l’on va en Province, elles foisonnent encore.
Les négociations sur l’adhésion de la russie à l’organisation mondiale du commerce ont aplani les plus grandes irrégularités, et du coup je suis sûr que lors de mes prochaines visites moscovites je viendrai à en regretter les compils discographiques du marché d’Ismailovskaya.  Le Village Monde ne cesse de grandir, camarade.