Il y a quelques semaines l’hébergeur de ce blog m’a envoyé plein de messages pour me prévenir qu’une faille s’y trouvait, et qu’il était sous attaque, et qu’il fallait le désactiver le temps que je trouve la faille et la colmate. Leurs instructions étaient polies mais énergiques, que je le veuille ou non, je devais réparer ce bordel, ou sinon ils finiraient par effacer le blog.

Ce blog que je n’avais pas touché depuis Avril dernier redevenait une préoccupation alors que je l’avais mis de côté dans ma tête, comme le vieux chien de famille qui a toujours fait partie des meubles et qui, le jour où il tombe sérieusement malade, redevient le centre des attentions et récolte toutes les caresses qu’on a oublié de lui donner précédemment.

En m’en occupant un peu, en essayant de déterminer, avec le savoir technique très restreint que j’en ai, où se situait le problème, j’ai quasiment tout relu ce que j’y avais écrit, même vu ce que j’avais fait, puisque j’y postais aussi mes vidéos, les Craypion, les Cannes Inside, les trucs comme ça. Les blogs n’ont pas d’espérance de vie, il n’y a pas d’obsolescence programmée, il est possible que cet endroit existe tant que je suis en vie, sauf si demain wordpress, le web ou autre mettent la clé sous la porte. Son rapport au temps est du coup extrêmement lent, irrégulier, mais consistant.

Je disais il y a quelque temps à quelqu’un que le web, contrairement à ce qu’on dit, n’est pas seulement un endroit d’immédiateté. Il satisfait énormément les amateurs de lenteurs ou d’irrégularité, on peut mettre des mois à écrire un post, des semaines à faire quelques minutes de vidéo. On voit, lorsque certaines personnes du web passent à la télé, qui est beaucoup plus rapide dans son rapport à la création, à quel point ils ont du mal à s’adapter avec ces contraintes de temps. Pour moi, la création en ligne est lente, en tout cas, j’y fais plein de choses lentement.

De tout ce que j’ai parcouru sur le blog, je n’ai pas trop de honte retrospective, j’y trouve une cohérence et des thématiques – la France dans sa diversité foutraque, les contrastes Paris/Province, qu’ils soient culturels ou technologiques, plus globalement « Le Loisir Français ». Je n’ai honte de rien, ou alors, paradoxalement, de trucs récents, comme ma dernière expérience cannoise qui a n’a pas été la plus agréable, la plus facile et la plus efficace de toutes, pour rester mesuré.

Il y a un an de fil en aiguille je me suis mis à faire des reviews de jeux video, pour enfin rentrer dans un truc lié à Youtube, bien trop tard en fait, et puis pour essayer de changer de public, de voir si je pouvais sortir de cette communauté bienveillante qui a toujours apprécié mes trucs, mais qui n’a jamais dépassé les 3-4000. On peut vraiment établir précisément ce chiffre. Quoi que j’ai fait, j’ai toujours tourné autour de ce chiffre . 4000. Les 4000.
Le truc, qui s’appelle Player Lambda, et que vous connaissez peut-être, car si vous lisez ce blog vous faites partie des 4000, a beaucoup plu à quelques personnes. Mais pas de nouveau public, ou peu. Toujours mes même 4000 chéris. J’ai compris les gars, on se quittera pas. Je voulais pas vous quitter vous savez, je voulais juste savoir si je pouvais pas, par hasard, intéresser mille autres personnes, ou des plus jeunes, ou d’autres types de publics. Mais non ok, restons ensemble. Vous avez été fidèles, vous étiez là avant, je vous ai balladé avec Cannes, les Craypion, vous me suivez sur Player Lambda, je suis très chanceux de vous avoir.

Youtube est vraiment une drogue quand on y fait des trucs, mater les stats sur iphone toutes les heures, voir les abos et les likes, m’a rappelé un peu ces périodes de folie quand on matait le classement wikio sur les blogs, ou les classement des podcasts itunes quand je faisais mes émissions musicales. Frénésie du truc, playbooks et conseils de youtube pour attirer le chaland. Et puis les éditeurs qui commencent à t’envoyer des jeux.
Et puis, alors que tu galérais pour trouver des jeux, les jeux qui commencent à se superposer sur ta console encore cellophanés, mes gamins qui hallucinent que je les ouvre pas, et puis la pression de sortir un épisode, j’ai tenu le coup, j’aimais ça, boum un épisode par semaine pendant trois semaines consécutives, 20.000 vues sur mon truc de chirurgien, youhou.

Et puis je me suis retrouvé à avoir la pression d’absolument sortir un truc en quatrième semaine consécutive, et puis je me suis dit que ça devenait une obligation. Et Dieu sait que j’ai déjà un boulot, que je fais ça pour faire plaisir, me faire plaisir à moi, et avoir le bonheur immense de vous faire rire, mais je sentais venir la contrainte, et je me suis senti rassuré de savoir que quoi que je fasse, même si je faisais des pointes, que je me plante ou que je réussisse, au bout du compte vous seriez là, mes 4000, et que je devais continuer à absolument m’en foutre pour continuer à vous satisfaire.

La seule liberté que j’ai, en ne connaissant pas de succès massif, en ne faisant pas de tout ça mon métier, c’est d’être irrégulier, de vraiment faire ce que j’ai envie, de ne pas me soumettre à la moindre contrainte, de m’en foutre des petites miettes de thunes qu’on vous tend si tôt quoi que vous fassiez. La seule certitude que j’ai, c’est que c’est en cultivant ce handicap qu’est l’autonomie que je réussirai à trouver mon canal.

Pour les projets qui demandent de la production, j’ai la chance d’avoir à mes côtés un ami qui a compris comment je fonctionnais et qui respecte cette inconsistance épisodique. C’est Bertrand qui est là depuis Cannes Inside, jusqu’à Player Lambda, et on a  encore plein de chouettes trucs à faire.

Depuis Avril et le dernier post de ce blog, ma vie personnelle s’est enrichie de beaux projets, la professionnelle continue, et je me suis lancé avec Bertrand et Alex Hervaud dans un développement de projet, une série, qui a été soutenue par une aide du CNC, ce qui nous a permis d’avancer paisiblement dans l’écriture d’un truc dont on est assez fier.

Dans le cadre de ce développement j’ai découvert la Bretagne, où se situe l’action de la série, et le choc a été fort. Moi le sudiste, j’ai tout adoré de ce que j’ai vu. Je ne m’excite pas pour la série, je souhaite vraiment que ça se fasse car c’est un truc vachement bien, mais je sais que l’exercice est ingrat et qu’il faut correctement doser ses espoirs pour y mettre toute l’énergie nécessaire sans avoir le coeur brisé si cela prend du temps à se monter. Quelque chose me dit que ça restera pas dans les tiroirs quand même.

Depuis quelques semaines, je me suis remis à la lecture et l’écriture. J’écris un truc qui s’appelle « LE MEILLEUR CHEF AU MONDE », je crois que c’est une nouvelle. Le truc peut-être le plus gratuit à écrire en 2014, publiable nulle part, trop long pour mes supports habituels en piges, trop court pour une publication lambda, ça finira sur le blog. Mais j’en suis content, car quoi qu’il arrive, je sais que vous les 4000, vous me lirez.

Je ne supportais pas de voir ce post d’Avril 2014 en ligne. Je ne sais pas si le blog est guéri, mais au moins il sera up-to-date, et je vous aurai donné un peu de mes nouvelles, moi qui n’ai pas l’occasion de boire des verres avec vous.

Et pour Lambda, rassurez vous, il est pas mort, je veux juste garder les 100% de fraîcheur. En ce moment je joue à fond à Assassin’s Creed Unity. Je veux revenir à la formule originelle. Ce qu’on fait, c’est que dès que j’ai une blague qui me vient à l’esprit, j’appuie sur le bouton capture, OK ?